exercice quotidien d'entrainement ou journal pouilleutique - page de septembre et fin 2017
14 septembre
au delà
quelle poésie après la boucherie
quelle poésie après la shoah
quelle poésie après l’esclavage
la poésie de la braise sous la cendre
de la vie qui sourd du néant
des renaissances en joie
et jamais de l’oubli
***
15 septembre
Grandir
A l’âge d’ouvrir la boite de Pandore
enfin j'ai libéré les savoirs, ce trésor
et adulte pour demeurer debout, libre
j’y ai rangé la Trinité avec le Diable.
De la raison les croyances sont le poison.
***
16 septembre
toujours au loin allons vers l’horizon
avançons pour ne jamais l’atteindr
passons au devant, marchons de raison
vers Utopie pour ne pas l’éteindre
***
17 septembre
Je suis un facteur humain parmi des milliards,
suis une forme humaine au sein du vivant
collage d’atomes, d’échanges, d’illusions.
Pourquoi croire tant à cette existence ?
***
18 septembre
estampe provençale
mitan du foin ras
héron, ta majesté
me fige de respect
saint oiseau
pur et simple,
plus haut que l’ange
***
19 septembre
passer entre les gouttes, bonne idée
je ne parle pas de la liberté
de nos devoirs de lutter et d’aider
mais à présent c’est bon pour la santé
***
20 septembre
gamer
j’écris le nouveau testament suivant
la vérité éclaire les humains
de nature divine révélée
la création est un jeu vidéo
un jeu idiot sans fin, plein d’idéaux
nous jouons sur les premières cases
explorant les écrans de l’univers
milliards de joueurs, vie et mort blasent
Le bien ou le mal ?
choix toujours ouvert
alors, qui a écrit l’algorithme
qui fit le dessin,
le son, le rythme ?
c’est un joueur,
puis un autre, d’autres
humains y jouant,
sont dieu et apôtres.
il n’y a pas de gagnants,
pas de création,
le jeu seul compte.
***
21 septembre
au bord de la mer
rêve de plaisance
douceur du couchant
attente des retours
le sage y médite
au bord de la mer
l’espoir du pécheur
le point des départs
la frontière de l’Ile
l’écume de houle
au bord de la mer
au piège des passeurs
se noyer en souffrances
en rêvant d’occident
dans les gouffres liquides
au bord de la mer
notre aïeule matrice
la source de vie
qui formera la terre
après le déluge
***
27 septembre
ivresse
mélodie, mélodie
au dessus du rythme
de battement de la vie
mélodie, mélodie
pour autant de chansons
perdues, autant d’âmes
mélodie, mélodie
source de poésie
élan vers l’infini
***
28 septembre
rideau rouge du théâtre
vulve où mon cœur va battre
ouvre-toi et donne la vie
accouche de milliers d’enfants
poètes, amants ou tyrans
tant d’histoires et d’ironies
voilà le temple où je prie
***
29 septembre
étoile ballerine
tu danses comme une vague, une feuille
tu es douceur qui explore la liberté
tu peux courir, sauter ou lancer et cogner
la force de ton corps est élan de beauté
au geste mélodie de pure séduction
l’offrande mon éternelle admiration
***
2 octobre
Boris Vian
je suis de tes élèves,
modeste et allumé
j’héritai de ton temps
l’amour du jazz
et de la série noire
esthète et fugace,
insoumis que j’aime
messieurs les Présidents
qui fêtent la guerre
hors de nos jardins
et sans notre aval
qui mettent les soldats sur le trottoir
pour attirer les poignards débiles
qui éteignent nos libertés
sans éteindre la braise des fous
je ne vous écris pas de lettre
***
5 octobre
impossible de devenir sage ?
échapper à la colère première
de la perte des illusions
de l’abandon des ambitions
accepter du réel les leçons
une parmi toutes les chansons
tenir sa modeste partie
de relayeur aux générations
***
8 octobre
je n’ai pas de fantôme
mais des échos résonnent
des présences en moi
des souvenirs et des effets,
qui m’ont fait, m’ont refait
si l’autre le demeure
sa trace en moi ne meurt
***
9 octobre
le temps qui se perd, ce n’est pas du temps
le temps qui passe est suite d’instants
l’espace-temps se crée dans chaque geste
des millions de versions qui nous restent.
***
15 octobre
topoguide
pour celui qui cherche le paradis
la route à suivre est simple, je le dis
à l’opposé du paradis perdu
faux souvenir et mirage tordu
***
22 octobre
frères et sœurs,
humains qui à présent vivez
après Jean-Jacques
après Karl
après des révolutions
vers la liberté, vers l’art
sombrées dans la dictature
frères et sœurs humain-e-s,
à présent qui dira
la belle théorie du monde
pour nourrir la liberté,
pour créer la démocratie
pour sauver la terre
où nous serons poussières
***
23 octobre
sans peur et sans proche
dans la nuit des univers
quelques grains de lumières
dessinent les galaxies
où nous recevons la vie
pour une courte fuite
dans l’infini, sans suite
***
25 octobre
Arles 2017
j’aime ce paysage des murs au loin
sur la colline à Montmajour
et les ruines du temps de Rome
comme celles de la Grèce antique,
comme j’aimais les pierres noires
autour de la maison de Villèle
elles me parlent de soleil et du temps
leur beauté est signe de vérité
pas de ces monuments historiques refaits
dans le présent des croyances à vifs
pas d’arènes à traditions bouchères
pas de Sacré-cœur de revanches
pas de cathédrales, de clochers
autant de marques coloniales
et plus de ces ors des palais
de république ou de télévisions
de ces places à roue, à défilés
j’aime autant les alignements blancs
des hommes fauchés
morts tirés des tranchées
leurs croix sont décompte de l’inhumain
***
2 novembre
A mon corps, ce composite moléculaire
animé merveilleusement pour vivre
d’infiniment nombreuses chimies, énergies,
infiniment petite jusqu’à la taille d’humain
à son ensemble unique sur une terre
A mon corps et mon seul véhicule
programmé pour finir
mystère de la vie
***