exercice quotidien d'entrainement ou journal pouilleutique - page d'avril 2017 1ère quinz.
1er avril
Cent ans
en cet an dix-sept, honneur à tous les mutins
pour cette France, parmi les morts, ouvriers,
paysans ou bourgeois, je vous réhabilite
en mon cœur, fils de tous les peuples
d’Europe, d’Afrique, de colonies lointaines,
tous morts aux champs d’horreurs
mutilés des ordres de Nivelle ou Pétain
exécutés de leurs galonnés assassins.
Révolte des mutins, malheureux ou voyous,
signe l’humanité digne dans la colère,
ils ont trouvé leur fin plutôt que de pourrir.
Jaurès, sa mémoire et la leur me sont témoins
éternels du seul devoir de fraternité.
La boucherie suivante se termina chez nous
par la victoire aidée de nos justes félons
contre le sanglant maréchal dit vainqueur.
En ces jours où d’autres prélats de guerre
galonnés médiatiques ou gouverneurs élus,
stratèges de bureau ou d’industrie volante
guident la mort vers des peuples affamés
aux mains de rançonneurs, tyrans ou barbus.
En mon nom, en ton nom sans que nous en puissions,
Encore faire la guerre loin pour vendre des canons ?Je refuse leur mort !
Pour la mutinerie !
***
4 avril
Mais à présent
j’accroche mon ego
au vestiaire du barde
vanités passées
Mais à présent
je sais que ce pouvoir
si beau dans un seul sens
n’est que désir de fou
Mais à présent
je passe à l’infini
du quantique univers
quand courbe le vide
Mais à présent
je médite mon corps
jusqu’à la molécule
de cette eau initiale
Avec le présent !
***
7 avril
merci
amis perdus de vue
demeurent en ma vie
mes amis de toujours
ce deuil fidèle scelle en mon cœur trop léger
le remord de ne pas cultiver l’amitié
mais quand nous nous croisons
au détour des lointains
le lien revit intact
***
10 avril
une petite bougie
pas de passé,
scènes que l’on rejoue
aux effets qui nous lient
pas de futur, lendemains incertains
des distractions en hypothèse
tout vivre dans l’instant,
être avec toi, être avec moi
Je regarde le lézard grimper au soleil,
au riff de guitare solo de Chuck Berry
que j’avais entendu cinquante ans plus jeune,
ça roule toujours pour moi, je bois à la vie.
***
2 avril
Je suis sourd à présent aux cris des orateurs
de la grande récréation des postulants.
J’ai cru aux jeux parfois dans les combats d’antan,
malgré la marée constante des imposteurs.
Espoir tient en ce que je ferai pour chacun
Pas en ce que l’on attend de pouvoirs aberrants.
Les citoyens font République sociale
ou délèguent le soin de leur aliénation.
L’anarchie douce vaincra
de nos peurs d’enfants,
nos soifs démocrates
de propriétaires.
Je vote pour l’aïkido.
C’est une danse,
pas la révolution !
***
5 avril
circuit court
Chaque jour un instant
sur le désir des mots,
le sentiment qui vient
hâte la pousse sous sa rosée.
Chercher en poésie
cette autre vérité,
au loin des croyances,
à la science, est égale.
Chaque jour se cueille
aux risques de fraicheur,
de l’enfance ou d’amour,
ce panier de l’amap
« A ma poétique »
***
8 avril
Les masques sont tombés
La haine de l’humain, l’autre qui m’embellit,
venu pour travailler ou fuyant la mort,
jaillit en meuglement, préparant la guerre.
La honte disparue, des collabos debout
rêvent sans retenue à des génocides
vengeant les fils frustrés des colonisateurs.
L’identité s’infecte sous leur prurit.
Leur culture figée se ferme dans la croix,
plantée dans le cimetière des avenirs.
Petits blancs ou bourgeois, pourvus de confesseurs,
même pas loups, ces sauvages sont parmi nous.
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11 avril
question de blues
dis moi, est-ce que je t’aime vraiment ?mon amour, ma moitié, ma petite
ma petite
dis moi, est-ce que je t’aime vraiment ?mon fils, mes chers petits, nouvelles vies
nouvelles vies
dis moi, est-ce que je t’aime vraiment ?mon père, ma mère, mon frère et ma sœur
mon frère et ma sœur
dis moi, est-ce que je t’aime vraiment ?mon voisin, mon lointain, mon ennemi
mon ennemi
***
13 avril
Murir en méditant,
savoir vivre son temps
de soi faire âge utile,
plus qu’âge futile
Sagesse pour chercher,
trouver la bonne clé,
de la porte d’entrée
pour bien sortir demain
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3 avril
aimer la vie et rire
je suis Charlie sans ire
pour moquer le malheur
aimer la vie et rire
comme Prévert sut le dire
en vers chers à mon cœur
aimer la vie et rire
Simplet qui veut écrire
la beauté d’une fleur
vivre, rire de mourir
dans notre poêle à frire,
Gobelins sans pudeur
vivre, éviter le pire
de l’égo, la satire
pour donner le meilleur
***
6 avril
pour Georges B.
au pays de biencréants
fier d’être malpensant
entouré du milieu
le surplomb de l’éthique
dans les gens de métier
créer pour libérer
aux académiciens
dire non en chantant
aux tenants de l’ordre
répondre anarchie
au prochain Ubu roi
mon vote sans mandat
***
9 avril
Toujours je fus de ces gens sans terre
poussé par le voyage de la vie
porteur de racines ambulantes,
suites d’impressions à mémoire.
J’héritais de parents et de France
le cycle des départs, ma naissance
sans origine, l’Ile Réunion,
là où mon père m’apprit à lire.
Ce voyage en segments égoïstes,
album de ricochets, chances, projets,
m’a donné tout le vent pour ne pas trop douter,
pour éviter de souffrir et de trop réfléchir.
J’ai eu beau jeu, pour un joueur si retenu.
***
12 avril
il nous reste à vivre plus
de ce temps qui passe vite
dans mes mains vides ouvertes,
mon cœur affolé de pertes
il nous reste à vivre plus
de ce temps long, doux et profond
où l’instant éternel fige
le cœur aimant la présence
temps long, temps court
brin d’herbe ou rose
comment saisir en poésie ?
***
14 avril
L’humanité n’est pas encore là,
du sang de la Chine en la Syrie.
Protéger ne peut rimer à punir,
Torturer, tuer ne servent à rien.
Le pouvoir des états et des chefs
est le seuil de la porte du crime.
***
15 avril
Si je n’ai pas encore trouvé
ce que je cherche dans la vie,
c’est que je n’ai jamais su
ce que j’avais à chercher.
La marche en avant
est ce principe humain
d’une perte d’équilibre
qui met en mouvement
Reste à donner le sens
***